Des Petites Sœurs aux Bernardins à Paris
Dans une société qui évolue plus vite que notre capacité à en percevoir les enjeux, le Collège des Bernardins est un espace de liberté qui invite à croiser les regards pour cheminer dans la compréhension du monde et bâtir un avenir respectueux de l’homme.
Des Petites Sœurs ont été invitées à donner leur contribution lors de conférences en janvier.
Ouvert à tous, le collège des Bernardins, joyau de l’architecture cistercienne, invite à la rencontre et au dialogue.
150 000 visiteurs par an de tous horizons et de tous âges, familles, étudiants, enseignants chercheurs, acteurs du monde économique, social, politique… viennent apprendre, se fortifier et réfléchir aux questions contemporaines à la lumière de la sagesse chrétienne.
Le samedi 22 janvier 2022, une journée d’étude à l’attention des professionnels de santé, sous forme de débats a eu lieu et à laquelle Petite Soeur Marie Matthieu a participé.
« Partagée entre deux polarités, humaniste et technologique, la médecine reste sensible et à la personne et à la solidarité. Cette attention portée à deux notions héritées du christianisme a été renforcée par la pandémie de COVID. L’expression favorisée dans nos démocraties occidentales est cependant celle de l’autonomie de l’individu, libéré autant que possible de toute autorité politique, sociale ou religieuse. Autre est la pensée chrétienne, celle d’une autonomie filiale, dont le modèle est le Christ Jésus, accomplissant parfaitement le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Comment cette inspiration peut-elle être force positive de proposition dans le monde de la santé, en contexte pluraliste ? »
(voir programme et photos sur le site de la Pastorale de la santé de Paris : https://www.paris.catholique.fr/journee-sante-ethique-et-foi-2022.html)
Nous étions invitées à témoigner sur le thème : « Accomplir le charisme d’une Congrégation soignante aujourd’hui »
Voici quelques extraits
« Accomplir le charisme d’une congrégation soignante aujourd’hui », tel est le titre proposé pour mon intervention. Aujourd’hui, je voudrais simplement témoigner de ce qui fait notre quotidien dans nos institutions Maternités Catholiques en ce 21ème siècle si différent de celui où nous avons été fondées et où pourtant les problèmes et difficultés qui ont vu naitre notre congrégation et son charisme sont toujours d’actualité, même s’ils se posent de manière différente.
En juin dernier à l’occasion des 25 ans d’Evangelium Vitae, nous avions témoigné ici, combien cette encyclique était un phare pour nous. En effet Célébrer, annoncer et servir l’Evangile de la vie est bien notre vocation et celle de nos institutions…
…Au sein de nos établissements nous cherchons à créer un climat humain et chrétien de charité, de joie et de paix. Nous espérons que ceux qui y viennent puissent découvrir le visage d’un Dieu Père, d’un Dieu Amour. Nous voudrions montrer le visage d’une Eglise accueillante, ouverte à tous. Manifester le visage de l’Eglise servante des hommes à travers notre service auprès des mères et des pères de famille au moment de la naissance de leur enfant au sein des Maternités Catholiques. Nous voudrions aussi les aider à découvrit et approfondir la grandeur de leur mission d’époux et de parents.
C’est ce même visage d’un Dieu d’amour que nous voulons manifester à ceux qui viennent en chirurgie et au centre de rééducation fonctionnelle. (…)
Une charte définit les valeurs qui nous animent : un engagement éthique, un engagement de compétence et de qualité, un engagement d’accueil et de disponibilité.
Ce sont bien ces trois axes d’engagement qui doivent nous aider à garder le cap.
Chacun de ces axes est un engagement et un vrai défi dans le monde sanitaire aujourd’hui (…)
C’est en fidélité à cet esprit que nous ont légué nos fondateurs que nous voulons vivre la mission que nous confie l’Eglise pour notre monde d’aujourd’hui.
Dans ce monde de la santé, si troublé, si malade lui-même, nous en faisons l’expérience en cette période de pandémie de manière très cruelle…
Dans ce monde plein de contradictions, nous croyons que nous avons à poser cette petite pierre pour que vienne cette culture de la vie, de la vérité et de l’amour, dont nous parle Saint Jean Paul II dans Evangelium Vitae.
L’Evangile de la vie est bien pour notre monde d’aujourd’hui, même s’il semble parfois l’ignorer. « L’évangile de la vie, c’est notre dynamisme, notre espérance, notre tâche quotidienne, sous la conduite de l’Esprit. »
C’est dans une fidélité créatrice que sommes appelés à avancer, à faire cordée avec ceux qui travaillent avec nous, même si les obstacles sont nombreux, nous croyons à cette mission qui est la nôtre. »
Le vendredi 28 janvier, Petite Soeur Marie Matthieu (infirmière) et Petite Soeur Marie Luc (pédiatre) sont intervenues dans le cadre d’un colloque sur le féminisme, organisé par les séminaristes pour les étudiants du collège. Le programme était bien dense, et les Petites Sœurs étaient invitées à animer deux ateliers de ¾ d’heures avec pour chacun une dizaine de participants.
Voici ce que nous écrivait Albert après ce colloque :
« Je tiens, au nom du Bureau des Étudiants de la Faculté Notre-Dame, à vous remercier chaleureusement pour votre participation à la session sur le « Féminisme : un signe des temps ? ». Ce fut un moment intense, qui nous a permis de nous mettre à l’écoute de ce mouvement qui traverse notre société et nous interpelle aujourd’hui sur les questions de genre et de sexualité. Ce fut aussi l’occasion de revisiter les rapports entre l’homme et la femme à la lumière du Christ. »
Voici quelques extraits du témoignage des Petites Sœurs et des thèmes évoqués avec les participants :
« Tu as du prix à mes yeux, tu m’appartiens et je t’aime ! » Isaïe 43
« Si tu savais le don de Dieu » Jean 4, 10
Ces deux versets sont au départ de mon appel et de ma vie de Petite Sœur des Maternités Catholiques. Parce que je comprenais que le Père m’aimait, sans rien attendre de plus, comme je suis, parce que je comprenais que j’étais précieuse aux yeux de Dieu et que la vie est un cadeau merveilleux, je n’ai eu qu’un désir : consacrer ma vie pour en témoigner et le dire aux autres, l’annoncer par ma vie.
Et c’est cela la vocation, la mission des Petites Sœurs des Maternités Catholiques. Je ne sais pas si vous nous connaissez, vous vous demandez peut-être pourquoi des religieuses sont présentes à un tel colloque : le féminisme ?
… c’est parce que nous croyons en la grandeur de la vocation de la femme, que nous sommes chaque jour au service de cette belle vocation et sommes les témoins émerveillées de cette capacité de la femme d’être source de vie et d’amour avec son charisme spécifique…
Petites Sœurs des Maternités Catholiques fondées en 1930 :
· Un père de famille découvrant la détresse des ouvrières de son usine
· Une femme désireuse de suivre l’appel du Seigneur dans la vie consacrée
· Un évêque inquiet des dérives de la société matérialiste, qui ne respecte plus la vie, la dignité de l’homme, qui voit la famille mise à mal…
· Un prêtre qui va se voir confier la mission d’accompagner une œuvre sociale et d’en faire si possible une congrégation religieuse
Rome : attentive à ce projet, L’Eglise veut la promotion et la libération de la femme, le respect de la vie, le bonheur des familles… C’est bien la place de l’Eglise d’aider chaque homme, chaque femme à réaliser pleinement sa vocation…
Ainsi dès le départ : fonder des instituions maternités, où des femmes consacrées vont se dévouer aux mères et pères de famille au moment de l’attente et de la naissance.
Notre mission est d’être présente aux couples au moment du désir, de l’attente et de la naissance de l’enfant.
Mais nous rencontrons aussi de nombreux jeunes, pour l’éducation affective, pour des sessions que nous proposons aux jeunes filles : de 15 à 35 ans. Je vais y revenir …
…Le féminisme dans lequel nous sommes engagées est celui de la promotion de la femme, dans toutes ses capacités, son charisme propre, nous croyons que cela passe par le fait que l’homme lui aussi puisse vivre et épanouir ses propres dons et charisme, dans cette complémentarité qui est source de vie et de joie…
…Cette mission nous permet de rencontrer de nombreuses femmes, de les accompagner sur leur chemin de vie, celles qui viennent à la maternité, celles avec qui nous travaillons, celles de nos familles, de nos communautés, les jeunes qui viennent à nous où vers qui nous allons, jeunes en discernement…
Partage de joie et de larmes ! ombres et lumières qui se croisent.
Nous sommes les témoins émerveillées :
· De la vie en son commencement, je viens de le dire
· De la capacité de don et d’amour des jeunes mères. « Je ne pensais pas que je serai capable de faire cela », « je trouve en moi une force que je ne me connaissais pas » ; de même les jeunes pères nous témoignent de cet émerveillement
…
…Dans nos maternités, nous accueillons des familles très diverses, de culture, de religions, des mamans seules, …
La naissance d’un enfant vient bousculer pas mal de choses dans la vie ; le séjour en maternité est là pour aider chaque maman dans le chemin qui est le sien.
Des blessures peuvent aussi resurgir au moment de la naissance, nous sommes aussi là pour les écouter… »